Que ce soit sur le terrain, à la maison ou au labo, votre curiosité vous amènera certainement à vous demander "de qui s'agit-il ?". Chaque espèce, voire chaque individu a une histoire à vous raconter... cette histoire peut être liée à sa maison, son habitat, ses mœurs ou encore son nom tiré de personnages mythologiques.
Beaucoup d'espèces peuvent être détectées facilement et identifiées ensuite à l'aide d'une loupe (grossissement x10 ou x15 au minimum). Munissez vous de quoi noter ; le plus approprié est un carnet quadrillé, pour éventuellement prendre en photo l'individu avec une échelle, et puis un crayon gris.
Néanmoins, si vous ne pouvez pas déterminer l'individu sur le terrain ou bien vous souhaiter le garder comme référent dans votre boîte de collection, voici quelques conseils pour la collecte, identification et conservation des individus.
Mise à mort d'un insecte : éthique et respect de la vie
Il parait aujourd'hui aberrant une pratique de l'ornithologie avec des jumelles et un fusil... pourtant il s'agit bien des racines de cette branche naturaliste. Il est souvent exprimé le souci de ne tuer que ce qui est ciblé (par exemple, épargner à des micro-mammifères une mort non nécessaire dans un barber à araignées ou carabes) ou bien, si c'est nécessaire de tuer, de le faire dans les conditions les moins douloureuses ; mais pourquoi donc ne pas étendre cette bienveillance à nos amis de six pattes ? Oui, il sera parfois nécessaire de tuer des individus pour apprendre à reconnaître, ça fait partie de l'apprentissage de l'entomologiste ! Néanmoins, nous vous invitons à avoir un regard critique sur vos pratiques (dois-je tous les tuer ?) et collectes (ai-je besoin de six individus de la même espèce ?) lors des sorties terrain.
Nous vous invitons également à lire la charte de la Société Française d'Entomologie à propos des la collecte et la conservation des insectes.
Collecte sur le terrain
Matériel
Gants, flacons, pinces ; freezer
Description
D'abord, notez qu'un insecte doit être récolté avec le maximum de soin. Toute partie du corps compte ! Pour la collecte de coléoptères, il est conseillé d'avoir plusieurs flacons vides. Les pratiques communes conscientisaient à avoir des flacons remplis d'éther acétique ou de gaz sulfureux pour tuer les insectes ; cependant, dans un souci de vous maintenir à l'abri de ces produits hautement toxiques et de procéder d'une façon éthique, nous vous conseillons de garder les individus vivants dans les flocons et mettre ces derniers 48h dans le freezer afin de leur procurer une mort la moins violente possible.
Ensuite, plongez les individus dans de l'alcool à 70° (minimum) afin de les conserver dans le meilleur état possible. Il est possible ensuite de les sécher et des les préparer pour intégrer votre collection.
A chaque étape (terrain, maison, conservation dans l'alcool et dans la collection) pensez à étiqueter convenablement les récoltes : quoi ? / par qui ? / comment ? / où ? / avec quoi ? Soyez le plus précis possible !
Identification à la maison ou au labo
Matériel
Pinces, loupe binoculaire à fort grossissement, coupelle, eau, sopalin
Description
Une fois la collecte effectuée, toute une série d'opérations vous attend : la préparation, l'identification, la mise en collection et le partage des données. Pour les trois premières, il est nécessaire d'avoir du matériel spécialisé, dont du matériel optique.
Les caractéristiques d'identification portent sur la morphologie, et pour certaines espèces, les pièces génitales (des mâles). Des petites opérations techniques seront donc parfois nécessaires. De plus, comme il s'agit d'espèces de très petite taille, il est indispensable d'avoir accès à une loupe binoculaire à fort grossissement (de x10 à x80). Pensez qu'un matériel de bonne qualité vous offre plus de confort pour les longues heures d'identification.
Le matériel de dissection se compose d'aiguilles, des pinces (droites et coudées), d'une paire de ciseaux, des coupelles, d'une pissette d'alcool à 70° ou à eau et, parfois, d'un pinceau. C'est tout ce dont vous aurez besoin pour manipuler les individus et les déterminer correctement.
L'identification est la partie la plus passionnante, mais délicate, du processus. Porcedez avec la plus grande rigueur et faites appel à des spécialistes pour valider vos identifications.
La mise en collection (boîtes)
Matériel
Pinces, épingles, étiquettes en carton, étaloir ou morceau de polystyrène, boite de collection, (éventuellement) liquides de conservation
Description
La collection est l'outil de travail de l'entomologiste. Elle permet d'avoir une base de référence des espèces déjà vues ; elle aide également quand on a des doutes sur la détermination d'un individu. Mais pour avoir cette référence, il faut préparer les insectes de façon à les avoir dans un bon état.
Avant l'étalage des insectes, les individus pleins de terre/bouse devront être nettoyés ; un petit pinceau à poils durs trempé dans de l'eau ou de l'alcool devrait suffire.
Dans l'étaloir, et à l'aide d'épingles, vous aller donner à l'insecte sa forme étalée souhaitée. Cet individu peut être sur une paillette (collé) ou tenue par une épingle ; pour cette dernière procédure il faut bien localiser la zone à traverser (élytre droite, généralement) et l'épingle qui conviendra. Dans les deux cas, votre insecte devra porter une étiquette (imprimée ou écrite à l'encre de chine) avec date, lieu de récolte (le plus précis possible) et nom du récolteur.
Pour éviter toute contamination ou infestation d'organismes "mangeurs de collection", les étaloirs sont placés dans un endroit sec, fermé et protégé de la lumière.Après 15 jours, vos insectes sont près pour la boite. Dans le même esprit, votre boite de collection doit être étanche et vous pouvez ajouter des répulsifs (dont des huiles essentielles) ou des produits dits de conservation (créosote de hêtre ou essence de mirbane).
La mise en collection (pots)
Matériel
Des pots ou des fioles étanches, alcool à 70°, des étiquettes, un crayon gris, des boites en carton
Description
Quand votre inventaire est systématique (ce qui est le cas pour les professionnels) vous devez garder le matériel afin d'y revenir, si nécessaire, sur les identifications.
L'idée ici est de stoker dans les meilleures conditions possibles les individus. Que vous les gardez par site/date d'échantillonnage ou par site/date/espèce, il est essentiel d'étiqueter la provenance et la nature du matériel dans le pot. Cette étiquette doit être écrite avec un crayon gris, le graphite ne partant pas au contact de l'alcool.
Les insectes ici sont dans des pots étanches avec de l'alcool à 70°. Ne faites pas trop d'économies à l'heure d'ajouter l'alcool car il s'agit d'un liquide qui s'évapore facilement.
Ensuite, stockez les pots dans des boites en carton afin d'éviter des pertes. La traçabilité de la donnée devient un enjeux majeur, notamment avec la convention de Nagoya. Faites donc attention à cette étape.
Références
LUMARET J.P, N. KADIRI & P. JAY-ROBERT, 2002.- Les Coléoptères coprophages : écologie, répartition locale, menaces, reconnaissance, gestion. A.T.E.N. 1-121
Auteurs : E. Bousquet & C. Leandro