Scarabaeoidea

La superfamille des Scarabaeoidea est un grand groupe diversifié et cosmopolite de coléoptères. Les Scarabaeoidea se sont adaptés à la plupart des habitats, ils sont fongivores, herbivores, nécrophages, coprophages, saprophages et parfois carnivores, myrmécophiles ou ectoparasites. Ils sont largement distribués dans le globe : ils sont largement présents dans des écosystèmes tempérés, tropicaux, mais peuvent aussi vivre dans l'Arctique. Les surprises ne s'arrêtent pas là, car certains scarabées présentent des soins parentaux ! Beaucoup possèdent des cornes extravagantes, d'autres sont capables de rouler une boule compacte d'excréments avec leurs fortes pattes. Certains sont les parasites agricoles qui peuvent détruire les cultures (petite pensée pour le Hanneton commun...) tandis que d'autres sont utilisés dans la lutte biologique contre les excréments et les mouches parasites. Les Scarabaeoidea sont coléoptères populaire en raison de leur grande taille, des couleurs vives et des histoires naturelles intéressantes. Les anciens Égyptiens vénéraient le scarabée comme un dieu, Jean Henri Fabre a étudié leur comportement et Charles Darwin a utilisé des observations de scarabées dans sa théorie de la sélection sexuelle... bref, il s'agit de tout un monde à vous faire découvrir !

Des familles dans une super-famille

Bien aimés, mal compris ou détestés, les insectes sont les maîtres du monde ! Apparus il y a 400 MA (bien avant les dinosaures), ils représentent plus de deux tiers des espèces connues sur la planète. Cependant, les changements globaux, largement causés par les activités humaines, mettent en péril la survie de ces espèces. Sans eux, la survie et l'épanouissement d'autres espèces (dont l'Homo sapiens) seraient compromises puisqu'ils jouent un rôle fondamental dans les chaînes alimentaires des écosystèmes terrestres.

Parmi les 34 ordres d'insectes existants, les coléoptères représentent plus de 360 000 espèces connues à l'échelle de la planète. Rien qu'en France ils représentent un quart des insectes, soit environ 10 000 espèces. Toutes ces espèces de coléoptères se regroupent en différentes familles, tribus et genres. Ils ont tous un point en commun : les ailes du dessus sont rigides et recouvrent tout ou presque tout l'abdomen, les transformant en « étuis protecteurs » ; seules les ailes du dessous servent pour le vol. C'est ainsi que le nom « coléoptère » prend tout son sens : koleos « étui », pteron « ailes ».

En Europe 17 familles d’espèces forment la « super-famille » des Scarabaeoidea. Sous ce nom compliqué sont rassemblées des espèces avec des points communs : leurs antennes se sont développées en massues très individualisées, leurs larves sont du type « ver blanc » et leur régime alimentaire dépend de matières végétales plus ou moins dégradées.

12 de ces familles sont présentes en France métropolitaine :

Famille Scarabaeidea : France 46 espèces (Monde : 1500 espèces)
Famille Melolonthidae : France 51 espèces (Monde : 11 000 espèces
Famille Rutelidae : France 13 espèces (Monde : 4 500 espèces)
Famille Dynastidae : France 7 espèces (Monde : 1 700 espèces)
Famille Cetoniidae : France : 22 espèces (Monde : 3 500 espèces)
Famille Geotrupidae : France 17 espèces (Monde : plus de 600 espèces)
Famille Hybosoridae France 1 espèce (Monde : plus de 200 espèces)
Famille Ochodaeidae France 1 espèce (Monde : environ 80 espèces)
Famille Aegialiidae France 3 espèces (Monde : environ 20 espèces)
Famille Aphodiidae France 148 espèces (Monde : plus d’un millier d’espèces)
Famille Pachypodidae : France 1 espèce (Monde 3 espèces)
Famille Trogidae : France 6 espèces (Monde 300 espèces)

 

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Les Scarabaeoidea laparosticti

Les scarabeidés laparosticti, fréquemment appelés "bousiers", ne représentent qu’un infime pourcentage de la diversité des coléoptères : il s’agit d’environ 185 espèces sur les 11 600 recensées en France métropolitaine.

Ce groupe renferme des espèces coprophages (comme les "bousiers") mais aussi phytophages, saproxylophages, keratophages et nécrophages. Les appellations « coprophages » et « bousiers » vont faire référence à trois grandes (sous)familles dans l’ordre des Scarabaeoidea : les Scarabaeidae (Sous-famille des Scarabaeinae), les Aphodiidae (Sous-famille des Aphodiinae) et les Geotrupidae.

Au sein des Coléoptères, la super-famille des Scarabaeoidea est très riche. C'est dans celle-ci que nous trouverons les individus appartenant à des familles et/ou sous-familles regroupées communément sous le nom de "bousiers". Photos : F. Chevaillot (A et G) et P. Jay-Robert (S).

L'importance des bousiers dans les écosystèmes pastoraux est indiscutable. Par leur comportement lié au régime alimentaire et de nidification, les coléoptères coprophages assurent différentes fonctions écologiques. En effet, une proportion significative des nutriments consommés par les vertébrés est éliminée dans les déjections. Le transfert de déchets fraîchement enfouis sous la surface du sol par les fouisseurs et les rouleurs, relocalise physiquement la matière organique riche en nutriments (Carbone, Azote, Potassium, Phosphore, Calcium, Magnésium), permet d’augmenter la porosité superficielle du sol, d’augmenter la densité de la microfaune du sol et de réduire l’infestation des parcelles en parasites gastro-intestinaux.
Ces transferts d’éléments minéraux dans le sol ainsi que les effets sur l’humidité du sol peuvent favoriser la croissance des plantes. De façon analogue, les coléoptères coprophages roulent ou enfouissent les graines présentes dans les bouses, ce qui permet une dispersion verticale et horizontale et aide les graines à éviter les taux extrêmement élevés de prédation. Enfin, certaines espèces seraient également pollinisatrices, même si cette fonction reste anecdotique au sein du groupe.
Cette biodiversité favorisée par les activités anthropiques va s’inscrire dans l’écosystème et fournir des services : cette entomofaune va donc aussi favoriser les activités anthropiques et permettre de les inscrire dans le temps, dans ce que nous appellerons des socio-écosystèmes pastoraux

Bien que ces insectes soient indispensables à l’activité pastorale, qui couvre à minima 16 % du territoire métropolitain (Codes 231 et 321 du Corine Land Cover 2012), en France aucune espèce ne bénéficie d’une mesure de protection ou de gestion.

Schématisation d'un écosystème pastoral en équilibre (A) et des conséquences liées aux changements sur l’entomofaune coprophile et autres compartiments de la biodiversité (B). Vecteurs : freepik.com.

Ceci est d’autant plus paradoxal que les coléoptères coprophages sont directement exposés à la principale pollution associée à l’élevage extensif : la dissémination des résidus biocides des produits d’usage vétérinaire, appelés également xénobiotiques*. Ces produits peuvent être des médicaments (antibiotiques, anti-inflammatoires…), des antiparasitaires ou des insecticides. Ils sont plus ou moins métabolisés et leurs résidus sont dispersés dans les déjections du bétail où ils conservent leur toxicité pendant plusieurs jours voire plusieurs semaines entraînant principalement la dystaxie et la mort de l’individu, même à très faible dose. Ces produits étant pour la plupart d’usage libre, aucune information n’est disponible sur l’intensité de leur utilisation. On peut suspecter qu’ils ont des impacts environnementaux très significatifs sur les espèces, mais également sur les écosystèmes et, à terme, sur les activités humaines.

Un xénobiotique est une substance présente dans un organisme vivant mais qui lui est étrangère. La plupart des produits antiparasitaires et insecticides utilisés dans la filière de l’élevage, par exemple, sont neurotoxiques pour tous les organismes invertébrés puisqu’ils ne disposent pas de la protection de la barrière hémato-encéphalique. Ainsi, une fois la molécule émise dans l’environnement, elle touche la biodiversité, sans discernement des espèces « nuisibles », « auxiliaires » ou « neutres.